Les Gouvernementaux locaux de Chine et d’Afrique partagent leurs expériences en matière de développement local
A l’invitation de l’Ambassadeur de Chine au Cameroun, le Fonds Spécial d’Equipement et d’Intervention Intercommunale (FEICOM), a pris part au 3e Forum sur la coopération Sino-Africaine des Gouvernements Locaux, qui s’est tenu du 07 au 08 mai 2018 à Beijing en Chine.
Outre le FEICOM, la délégation officielle camerounaise à ce forum était composée d’un représentant du Ministère de la Décentralisation et du Développement Local (MINDDEVEL) et de 12 Magistrats municipaux représentant les Communautés Urbaines de Yaoundé et de Douala, les Communes de Kumbo, Tinto, Nguti, Ngoyla, Angossas, Ndikiniméki, Nguibassal, Guider, Bamenda 1er et Garoua 2e. D’autres camerounais, tous membres de l’Association pour la Coopération et l’Amitié entre les Peuples du Cameroun et de Chine (ACAPECC), ont également fait le déplacement.
Organisé par l’Association du Peuple Chinois pour l’Amitié avec l’Etranger (APCAE), ce forum qui se tient tous les trois ans, avait pour thème « Sortie de la pauvreté et développement durable ». Il a rassemblé près de 580 délégués venant de 17 pays africains et de Chine pour partager des expériences en matière de réduction de la pauvreté et d’exploration des voies et moyens pour parvenir à un développement durable. Le forum a été marqué par trois temps forts à savoir, le séminaire sur les réformes de la Chine, la cérémonie d’ouverture du forum, la rencontre de haut niveau et les panels.
Le séminaire sur les 40 ans de réforme et de l’ouverture de la Chine a été animé par Monsieur Zhang Yongsheng, Directeur Général adjoint du Département des stratégies de développement et de l’économie régionale au Centre de Recherche sur le Développement du Conseil des Affaires d’Etat de la République Populaire de Chine.
A l’entame de son propos, le conférencier a relevé que la réforme et l’ouverture de la Chine correspondent aux aspirations légitimes du peuple chinois au développement et à une vie meilleure. En effet, depuis 1978, leur pays a su s’imposer comme premier marché du monde. La croissance économique fulgurante et à deux chiffres du pays s’est longtemps effectuée aux dépens de la préservation de son environnement. Or, depuis quelques années, la Chine injecte des moyens très importants dans les énergies vertes, promeut l’agriculture biologique, investit dans des infrastructures à faibles émissions de carbone. Le conférencier a conclu que la Chine n’a pas seulement la volonté mais également les moyens de tirer parti de la transition économique actuelle qu’elle traverse pour réaliser encore d’importants progrès « verts » au cours des prochaines années.
Les échanges autour de cette thématique ont permis de relever que la Chine voudrait à travers la coopération décentralisée, partager ses échecs et ses réussites avec l’Afrique pour explorer les chemins qui mènent vers la prospérité. Le séminaire a relevé que toute nation souhaitant parvenir à un renouveau durable doit suivre la logique de l’histoire et la tendance de l’époque.
La cérémonie d’ouverture officielle du forum qui s’est tenue au lendemain du séminaire, a été marquée par les allocutions de Messieurs SALIM Ahmed SALIM, ancien premier Ministre de Tanzanie et ancien Secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), BRIGI RAFINI, Premier Ministre de la République du Niger et WANG QISHAN, Vice-Président de la République Populaire de Chine. On retient des propos du Premier Ministre du Niger et de l’ancien Premier Ministre de Tanzanie, que l’expérience de la Chine en matière de coordination du développement urbain, rural, agricole et industriel a énormément bénéficié aux pays africains. La Chine ayant remporté de grands succès dans la gouvernance locale, il est nécessaire de promouvoir la coopération des Collectivités locales entre la Chine et les pays africains.
Dans son propos de circonstance, le Vice-Président de la République Populaire de Chine a relevé que le monde traverse des mutations et des réajustements d’une ampleur sans précédent. Son pays et les pays africains font face à de rares opportunités historiques pour accélérer leur développement, mais aussi à des défis planétaires complexes. Aussi ont-ils intérêt à renforcer leur coopération pour valoriser pleinement leurs atouts respectifs en vue d’un développement commun. Il a conclu son propos en relevant que les résolutions prises lors de ce forum seront soumises au sommet des chefs d’Etats et de gouvernements Chine-Afrique, prévu en septembre prochain.
La cérémonie d’ouverture a été suivie par la rencontre de haut niveau sur la lutte contre la pauvreté et le développement durable. Animée par le professeur Li Xiaoyun, de l’Institut de la coopération agricole Sud-Sud, cette rencontre avait comme invités des membres de gouvernements africains, des experts chinois et des autorités locales d’Afrique et de Chine. Les différentes prises de parole au cours de cette rencontre ont mis en exergue les problèmes liés aux attentes des populations. Le modèle chinois de développement dont l’objectif est de sortir chaque année près de 10 millions de chinois de la pauvreté absolue, a été présenté. Ce pays « continent » qui compte 1,3 milliard d’habitants parmi lesquels 300 millions de pauvres, se considère toujours comme un pays en voie de développement, bien que 2ème puissance économique du monde actuellement.
En guise de conclusion de cette rencontre, le conférencier a relevé la disponibilité de la Chine à établir un partenariat avec les pays africains pour lutter contre le changement climatique, accroître la capacité d’investissement des pays africains, approfondir la coopération sanitaire et médicale, élargir les échanges culturels et intellectuels au niveau local et renforcer la coopération dans les domaines technique, scientifique et agricole.
Le Forum a également connu deux panels. Le premier panel a porté sur l’amélioration de la force motrice interne du développement durable par la formation des talents. Il a été marqué par les interventions des autorités locales et des représentants des gouvernements centraux d’Afrique et de Chine. M. KOMBA Gaston, Député à l’Assemblée Nationale du Cameroun en faisait partie. Ce panel a examiné tour à tour les problématiques de la formation professionnelle en liaison avec le développement durable local et la mise en valeur des atouts pour favoriser la formation des talents. La formation professionnelle a été présentée au cours de ce panel, comme un outil, voire un fer de lance pour le développement local. Pour le cas des Collectivités territoriales chinoises, la formation constitue un élément central d’un projet de développement économique et social qui se veut durable.
Les échanges sur cette thématique ont également mis l’accent sur les moyens par lesquels les territoires façonnent l’insertion professionnelle des jeunes sortant du système éducatif en vue de promouvoir leur propre développement.
Le second panel a traité de la promotion du développement commun Chine-Afrique à travers la coopération en matière de capacités de production industrielle. Ce panel a mis sur une même table, les élus locaux de Chine et d’Afrique, les membres de l’Association du Peuple chinois pour l’Amitié avec l’Etranger et les représentants des grands groupes industriels et des entreprises de BTP. Il a été dit au cours des différentes interventions que la Chine a réussi son pari de sortir du sous-développement pour faire de son économie l’une des plus dynamiques du monde. Ayant fait cette expérience, elle pourrait valablement aider l’Afrique dans son processus de développement. Au vu des défis auxquels les gouvernements locaux d’Afrique doivent faire face en termes de développement, les infrastructures durables et résilientes peuvent ouvrir la voie à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable sur le continent.
Le Forum sur la coopération Sino-africaine des Gouvernements locaux constitue une importante plateforme pour les consultations et le dialogue entre les Collectivités locales de Chine et d’Afrique. Une réflexion est en cours en vue de la mise sur pied d’un cadre de dialogue et de coopération entre les Collectivités locales de Chine et du Cameroun afin d’échanger sur les problèmes réels auxquels sont confrontées les Communes et de dégager des projets concrets de développement local.