VISITE D’UNE DÉLÉGATION DE LA BANQUE EUROPÉENNE D’INVESTISSEMENT
Le jeudi 20 février 2020, s’est tenue, à 10 heures et 30 minutes, dans la salle de réunions du Cabinet du Directeur Général du FEICOM, une séance de travail entre M. MILIANITIS Nikolaos, Représentant Régional pour l’Afrique Centrale de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et Monsieur le Directeur Général du FEICOM, Philippe Camille AKOA.
Cette rencontre de prise de contact entre les deux parties, s’est principalement articulée autour de trois points : Le mot d’ouverture et de présentation du FEICOM par Monsieur le Directeur Général, la présentation de la BEI par le Représentant Régional Afrique Centrale et les échanges.
Le Directeur Général a présenté à son invité, l’institution dont il a la charge : créé en 1974 et placée sous la double tutelle technique et financière du MINDDEVEL et du MINFI, le FEICOM a pour principale mission de contribuer au développement harmonieux de toutes les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) sur la base de la solidarité nationale et de l’équilibre inter-régional et intercommunal, en liaison avec les administrations concernées. De plus, l’organisme assure l’assistance conseil aux CTD et la formation des élus locaux, missions qui se justifient d’autant plus dans le contexte de renouvellement des exécutifs municipaux, consécutif aux élections locales du 09 février 2020.
Concernant les ressources, elles proviennent d’une portion de la fiscalité nationale et de la fiscalité locale. Le FEICOM centralise lesdites ressources qui sont par la suite redistribuées aux CTD via un mécanisme de péréquation qui prévoit un montant pour le fonctionnement et le reste selon une clé de répartition démographique. De plus, il procède aux financements de leurs projets sociaux et générateurs de revenus avec 85% de subventions et 15% de contrepartie communale pour les premiers et, 50% de subventions, 35% de part en prêts et 15% de contrepartie communale pour les seconds. La contrepartie communale fait très souvent l’objet de prêts accordés à la commune sur une période de 4 ans. Ces activités justifient un effectif de 530 personnels, répartis entre la Direction Générale et les Agences Régionales, pour une couverture de l’ensemble du territoire camerounais.
En outre, depuis 2006 et cela a été réaffirmé lors de la réorganisation du 31 octobre 2018, le FEICOM est autorisé à mobiliser des ressources provenant de la coopération nationale et internationale. C’est fort de cela, qu’il collabore au niveau international avec la Banque Africaine de Développement (BAD) dans le domaine de l’eau et de l’assainissement ainsi que la KFW dans le cadre de deux programmes liés à la résilience des villes soumises aux facteurs d’instabilité (PRODESV), d’une part, et l’utilisation efficiente des infrastructures durables par les populations (PDFVM), d’autre part. Aussi a-t-il rajouté, depuis 2014, il a été créé un Réseau d’Institutions Africaines de Financements des Collectivités locales (RIAFCO), dont le FEICOM assure la présidence.
Prenant la parole à son tour, M. MILIANITIS Nikolaos a indiqué que la BEI est basée au Luxembourg et que tous les pays membres de l’Union Européenne (UE) en sont actionnaires. 90% de son portefeuille est orienté vers l’Europe, soit environ 84 milliards d’Euros et les 10% restants sont orientés hors UE dont 1 milliard consacré à l’Afrique subsaharienne. Cette banque finance autant les entreprises privées que publiques, par des fonds souverains et non souverains dans les secteurs de l’éducation, de la santé, du transport, du développement urbain, des logements sociaux, etc.
Au Cameroun, la banque a un volume d’opérations de 527,3 milliards de FCFA couvrant divers domaines comme l’eau, l’agriculture, l’énergie et les infrastructures. Sa réalisation la plus significative est le financement de la construction du barrage hydroélectrique de Lom Pangar, à hauteur de 19 milliards de FCFA. Il fait également mentionner sa contribution dans les projets de construction de la centrale hydroélectrique de Nachtigal et de l’usine à gaz de KRIBI. Aussi, elle a signé des conventions d’octroi de lignes de crédits d’un montant de 10 milliards de FCFA (14 millions d’Euros), avec deux banques camerounaises, la Commercial Bank du Cameroun (CBC) et à la Banque des PMEs, pour le financement des PME.
Pour ce qui est de son fonctionnement, la banque finance en monnaie locale (FCFA) sur une période de 7 ans maximum et en Euros sur une période plus étendue, dépendant de la nature du projet. Par ailleurs, la BEI ne finance pas plus de la moitié du coût d’un projet, et privilégie la mobilisation des financements auprès d’investisseurs privés et d’autres institutions financières publiques. C’est dans ce cadre qu’elle travaille généralement avec la KFW et l’AFD. De plus, il faut noter qu’elle intervient directement dans le cadre de projets d’envergure, mais aussi par l’entremise de fonds locaux pour des projets de taille intermédiaire. C’est dans ce cadre qu’elle souhaite travailler avec le FEICOM, qui dispose d’une parfaite connaissance du territoire et de compétences en matière de financement du développement local. Au niveau social, la BEI prône une approche holistique, qui vise le financement de projets intégrés dans une planification bien définie et inclusive.
De la série d’échanges qui a suivi les différentes présentations, il est possible de retenir principalement 04 points.
Il s’agit tout d’abord du cycle de programmation et de budgétisation des activités de la banque qui correspond à une période de 7 ans. Le prochain cycle débutera en 2021 offrant au FEICOM l’opportunité d’inscrire ses projets dans les programmes de la BEI. Pour se faire, les informations relatives au PAP du FEICOM pour la période sous revue, permettront au Chef de la représentation Afrique centrale, de mener auprès du conseil d’administration de la banque, un lobbying en faveur du financement des projets portés par le FEICOM.
Le deuxième point a porté sur l’expertise technique de la banque. En effet, le bureau Afrique centrale de la BEI ne dispose pas surplace des ressources humaines permettant de répondre à toutes les préoccupations du FEICOM relativement à la préparation d’un cadre de partenariat. Toutefois, la participation des deux institutions à la Journée africaine pour les villes durables, qui se tiendra à Dakar le 27 février prochain, donnera l’opportunité aux experts du FEICOM et de la BEI, de se rencontrer et d’identifier des axes de financement envisageables entre les deux organismes. Le Représentant régional Afrique centrale, s’est engagé à organiser ladite rencontre.
Le troisième point a porté sur les modalités d’obtention de l’appui de la BEI. Après avoir rappelé que la banque applique des taux d’intérêt concessionnels, le Représentant régional a indiqué que des interventions sous forme de dons sont également envisageables, ainsi que des moratoires pour le remboursement des prêts.
Le dernier point a porté sur l’intérêt de la BEI pour le bénéficiaire final des crédits accordés. En guise de réponse, il a été précisé que la banque attache du prix à la mesure de l’impact social et environnemental des projets financés. D’où l’attention portée sur les procédures de passation de marché et la qualité des études et des travaux réalisés. Une assistance technique peut également être apportée dans ce cadre.
Ayant épuisé les points à l’ordre du jour, la séance s’est achevée à 11 heures et 15 minutes.